Togo/Convention collective des médias : Enfin, ils ont signé et après?

La date du 14 octobre 2022 restera gravée dans les mémoires des journalistes togolais à jamais. Pour cause, les responsables des organisations syndicales et patronales de la presse privée du Togo ont décidé enfin de signer la convention collective qui va régir les relations de travail entre les professionnels de médias dans le secteur privé. La grande inquiétude qui se pose aujourd’hui est de savoir : Après cette signature, les conditions de travail et de vie des journalistes togolais vont-elles vraiment changer ?
Le document est signé mais la lueur d’espoir qui doit changer la donne de la pratique du journalisme au Togo, va devoir attendre encore pour une année. Puisqu’à la demande de trois ans de moratoire du patronat, les syndicats des employés ont préféré accorder un an à leurs patrons. C’est en janvier 2024 que les journalistes et techniciens employés vont vraiment jouir des fruits de leur convention collective si la bonne foi est de mise chez les employeurs.
Après plusieurs années et surtout au terme d’un processus mis en branle à l’issue des états généraux de la presse tenus à kpalimé en 2014, puis relancé en novembre 2020, les négociations entre les syndicats (SYNJIT, UJIT) et le patronat (CONAPP, URATEL, PPT, ATOPEL, OPPEL) ont abouti à un document consensuel de 37 pages comportant 104 articles. Selon les textes de ce document, les journalistes togolais seront traités en fonction de leur classification professionnelle. C’est-à-dire qu’ils seront désormais payés en fonction de leurs diplômes ou qualifications professionnelles reconnues par la profession.
« Cette convention signée comprend, entre autres, le montant du salaire établi en fonction d’une grille communément acceptée, selon les échelons variables ; le mode de recrutement du journaliste qui en plus des qualifications académiques et professionnelles, est attesté par la délivrance de la carte de presse; les montants des primes de transport, de rendement ; le profil de carrière et de stages de formation professionnelle » peut-on lire dans le communiqué de presse.
Pour le ministre de la communication Akodah Ayewouadan qui a présidé la cérémonie de signature, « il s’agit d’un point de départ qui exige de chacun d’entre nous une disponibilité, une contribution et beaucoup d’humilité face à l’adversité afin que nous continuons à co-construire la presse togolaise ».

Pour sa part, Arimiyao Tchagnao qui parlait au nom des patrons de presse, a d’abord rassuré les siens de la mise en application des clauses de cette convention avant de plaider pour la hausse du fonds de soutien à la presse. « Tous les organisations patronales associées et engagées dans le processus à la présente signature de la convention collective ont le sentiment d’un devoir accompli pour l’intérêt supérieur d’une presse professionnelle hautement engagée. Nous profitons pour demander au ministère de tutelle de plaider pour la hausse du fonds de soutien à la presse car dit-il les entreprises de presse sont nombreuses mais les ressources financières ne sont pas conséquentes » a laissé entendre Arimiyao Tchagnao, président du CONAPP.
Quant au représentant des syndicats, Alphonse Ken Logo, la lutte doit continuer pour l’application effective de cette convention collective. Pour lui, les conditions de travail et de vie des hommes de médias doivent changer après cette signature qui constitue un moment historique pour ces derniers.

En effet, l’assaisonnement du secteur des médias et l’amélioration de vie et de travail des journalistes et techniciens de presse dépendent dans une large mesure de la viabilité des sociétés de presse. Malheureusement, force est de constater qu’il n’y a pas de vraies entreprises de presse au Togo.
Le plus grand problème pour ces entreprises mêmes de presse qui existent sur papier, est le défaut des partenariats et des publicités. Certes la convention collective est signée cependant qu’est-ce qui va changer réellement ? Cette question mérite d’être posée surtout après l’observation du marché togolais.
D’aucuns se demandent si après cette signature de la convention collective, les perdiems dérisoires communément appelés « communiqué finale » cesseront ou feront toujours leur bonhomme de chemin ? Les journalistes togolais seront finalement déclarés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ? Ou encore est-ce qu’ils seront bien payés dans leur organe ? L’avenir nous situera certainement.
M.G