juillet 14, 2025

Récépissé No 0054/HAAC/07-2022/pl/P

Chronique culture /Abobo Marley, vu à la loupe d’Anoumou Amékudji

Le roman « Abobo Marley », œuvre publiée en 2020 par l’écrivain ivoirien Yaya Diomandé aux éditions Jean-Claude Lattès en France, retient l’attention de l’homme de lettres Anoumou Amékudji. Dans cette chronique, l’enseignant-chercheur présente l’ouvrage et fait son analyse sur la question de la migration abordée par l’ouvrage.

Yaya Diomandé, l’auteur

 Yaya Diomandé , l’auteur de cet ouvrage, qui est-il?

 Yaya Diomandé est un jeune écrivain ivoirien, âgé de trente ans au moment de la parution de son premier roman en France. Les différentes formations universitaires faites par Yaya Diomandé ne le prédestinaient pas forcément à l’écriture. Né en 1990, après avoir obtenu deux brevets de technicien supérieur (BTS) en Transport Logistique et en Finance comptabilité et une maitrise en droit privé, Yaya Diomandé a exercé comme traducteur-interprète avant de créer son journal en ligne dénommé Investissements plus.  Le roman Abobo Marley qui l’a fait connaître sur la scène internationale porte les noms d’une commune très connue en Côte d’Ivoire et d’un quartier d’Abidjan. L’œuvre avait été tout d’abord rejetée par des maisons d’éditions ivoiriennes avant d’être proposée aux éditions Jean-Claude Lattès de Paris. Aussitôt après sa publication en France, le livre de Yaya Diomandé a été lauréat de la première édition des Prix Voix d’Afrique de Radio France internationale. Ce fut en 2020.

De quoi est-il question dans le roman Abobo Marley ?

Dans Abobo Marley, le personnage principal s’appelle Moussa alias Mozess de Bengué ou Mozess le benguiste. C’est un jeune garçon qui depuis le bas âge se bat pour aider sa mère. Il tenait à l’aider financièrement pour lui permettre de faire le pèlerinage à la Mecque et surtout venir à Bengué. Bengue qui désigne l’occident, l’Europe et surtout la France dans l’esprit des jeunes ivoiriens. Moussa voulait à tout prix arriver à Bengué pour réaliser ses rêves. Il est donc passé par toutes voies possibles pour arriver à ses fins, il a risqué sa vie à plusieurs reprises. Pour y parvenir, il enchaîne les métiers : cireur de chaussures, apprenti mécanicien, chauffeur de taxi, et des plus étonnants tels que soldat de rébellion ou chef de bande ! Abobo Marley, du nom du quartier le plus dangereux d’Abidjan, nous raconte en somme la destinée de Moussa, un garçon déterminé, têtu, plein d’ambitions, mais en conflit avec son père et en adoration de sa mère, quoiqu’il passe son temps à la décevoir.

Concrètement, qu’est-ce que l’auteur a voulu transmettre à travers ce livre ?

En premier lieu, l’auteur a voulu exposer les réalités de la Côte d’Ivoire, surtout celles d’un bas peuple qu’on ne voit pas, qui crie à tout moment, qui a l’estomac creux. Deuxièmement, il voulait surtout montrer comment les jeunes africains sont prêts à se battre, pour avoir une vie meilleure, même si ce n’est pas conseillé de risquer sa vie pour l’eldorado. « D’abord, je vais cirer pendant cinq ans, puis je vais passer mon permis de conduire pour être chauffeur de gbaka. Enfin, je vais aller à Bengue avec l’argent que je vais économiser. Ma mère doit faire le pèlerinage à tout prix. Je veux aussi que mes cadets vivent dans l’aisance comme les enfants que je vois à Cocody quand je vais cirer en cité universitaire. Le défi à relever est grand. Je veux que mon père sache que je ne suis pas un paresseux. » Ces propos montrent à suffisance que le jeune Moussa est prêt à se sacrifier pour le bonheur des siens. Une qualité à préserver en Afrique quelles que soient les péripéties de la vie.

Quelle est votre lecture personnelle de la suite de l’histoire dans le roman Abobo Marley ?

Ma lecture est que la vie est un véritable combat. Les problèmes jonchent en permanence l’existence humaine. Ce fut le cas de Moussa à son arrivée sur le sol européen dont il avait toujours rêvé. « Je passai une année dans ces champs de tomates avec un salaire mensuel de sept cents euros. A cause des insultes racistes et des policiers qui cherchaient par tous les moyens un prétexte pour nous expulser, il fallait toujours être vigilant. Je voulais venir à Bengué pour mieux m’occuper des miens. Mais cet objectif s’éloignait de plus en plus. » Sur place en Europe, Moussa fait le constat que l’entraide et la fraternité si indispensables au bien-être des Africains semblent ne pas vraiment exister entre Africains en Europe, surtout s’ils ne se connaissaient pas au pays. Ce qui fait dire à Moussa cette phrase « A Bengué, chacun est dans son chacun ». et de poursuivre «Avec le temps, j’ai vu mon rêve de Benguiste à genoux. Tout ce que les nôtres peuvent y faire, c’est économiser et investir en Afrique. » Omar Ba l’a dit dans son ouvrage Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus. L’idée qu’on se fait de l’Occident, du prétendu eldorado, peut ne pas être vraie.  

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