février 16, 2025

Récépissé No 0054/HAAC/07-2022/pl/P

Dr. Anoumou Amékudji pose son regard sur « les vendeurs d’âme » de Well Dogbatsè

Dans la chronique culture de cette semaine, nous nous intéressons à la pièce de théâtre  « Les vendeurs d’âme » du dramaturge togolais Well Dogbatsè. L’ouvrage est  publié aux éditions Awoudy  en 2013 et réédité en 2015. L’enseignant chercheur à ISICA, Anoumou Amékudji dévoile le fond de cette œuvre à travers cet entretien.

Présentez-nous brièvement l’auteur Well Dogbatse.

 Well Dogbatsé est né le 18 décembre 1983 dans la région des Plateaux et plus précisément à Témédja. Titulaire d’un doctorat en lettres modernes et chargé de cours à l’université de Lomé et au lycée, Well Dogbatse a fait ses premiers pas dans le paysage littéraire togolais avec sa pièce Les vendeurs d’âme. En 2021, Well Dogbatse a publié une autre pièce intitulée La danse des scorpions avec une postface du romancier togolais Théo Ananissoh.

L’œuvre « Les vendeurs d’âme « a été préfacée par l’universitaire et écrivain Ayayi Togoata Apédo-Amah. Quelles idées véhicule cette préface ?

 Le préfacier nous présente d’abord Les vendeurs d’âme, comme « ce drame qui nous montre la vie de deux enseignants méritants, Yves et Biova, qui, au moment de la récompense, sont face à un choix : l’un choisit les livres, l’autre l’argent ». Ces choix d’objets nous mettent en face de deux types de valeurs : la richesse intellectuelle et la richesse matérielle. Ensuite, Apédo-Amah procède à son analyse de la situation en ces termes : « Il s’agit d’un conflit de valeurs. Les valeurs dépendent de la morale et des options idéologiques. Certaines valeurs peuvent être nuisibles à la société lorsqu’elles tournent le dos à la morale et à la solidarité. La richesse matérielle dont il est question ici, est basée sur des malversations et le crime. Biova qui a vendu son âme pour les frivolités de la vie, ne sait pas que pour manger avec le Diable, il faut avoir une longue cuillère »

La préface d’Apédo-Amah nous donne déjà une idée du contenu de cette pièce qui paraît intéressante. Qu’avez-vous à ajouter pour faire le résumé du livre « Les vendeurs d’âme » ?

 En dehors des enseignants Yves et Biova, la pièce Les vendeurs d’âme est animée par 9 autres personnages dont Mawussi, le domestique de Yves, Miss Flora, le gouverneur de la République planétaire des frères de Lumière, Kamboa, le bras droit du gouverneur, sans oublier Noumey, proviseur du lycée 5 étoiles où enseignent Yves et Biova. Comme dit un peu plus haut, Les vendeurs d’âme traite du rôle des intellectuels africains face à une société qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le sous-développement, la pauvreté, les réseaux mafieux et la dépendance. Les différents personnages susmentionnés incarnent chacun en ce qui le concerne des tares particulières d’une certaine Afrique attachée aux choses matérielles, au pouvoir, au charnel, au détriment des valeurs cachées dans le livre par exemple. Le dialogue suivant entre Mawussi, le domestique et son patron, Yves, enseignant, est illustratif de la critique que formule Dogbatse à l’endroit de sa société :

-Patron, le concours Miss n’est pas moins culturel, à mon humble avis.

-Qu’y a-t-il de culturel dans ce bordel de manifestation qu’on finance à coup de milliards et au travers de laquelle on n’encourage, à bien y penser, que l’impudicité en excitant la libido ? Moi je dis qu’il est temps d’investir dans les concours littéraires pour promouvoir les œuvres de l’esprit et, ce faisant, pousser la jeunesse à la réflexion, seul gage du développement de notre société.

 Vous venez de nous lire un extrait très parlant qui devrait nous pousser tous à réfléchir. Les vendeurs d’âme nous relève également l’importance de la lecture, n’est-ce pas ?

Votre constat est réel. Au-delà de l’allusion au concours littéraire faite par Yves dans le dialogue lu plus haut, il est revenu dans le dialogue suivant avec Mawussi sur l’importance de la lecture :

-Maintenant patron, quelle est au juste l’importance du livre dans la vie de l’homme ?

-Tu dois savoir que le livre demeure l’instrument indispensable de la formation de l’intelligence. A tout prendre, il est la semence féconde de notre pensée et, l’enfant qui naît de cette union, c’est bien assurément le talent. Ce que Dieu nous a donné de sublime, c’est notre intelligence, que nous devons cultiver au travers de la lecture.

Un mot de la fin ?

Ma conclusion est que je n’ai présenté qu’une partie de la pièce des vendeurs d’âme. J’invite les intéressés à chercher le livre, à le lire, pour y découvrir les aspects non révélés ici.

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