Togo/Mandat de dépôt contre les journalistes Loïc Lawson et Anani Sossou : Le chroniqueur politique Firmin Teko-Agbo exprime sa tristesse et en appelle à la clémence du président de la république
L’affaire dite du prétendu vole de 400 millions est allé très vite. Ce mercredi matin, les deux journalistes Loïc Lawson (DP Flambeau des Démocrates) et Anani Sossou (Freelance) sont déposés à la prison civile de Lomé. Cette affaire inquiète les professionnels des médias du Togo puisque ce n’est pas un fait isolé et cela repose la question de la dépénalisation de la presse. Soucieux de la question, le journaliste chroniqueur politique Firmin Teko Agbo en fait un sujet dans l’une de ses traditionnelles chroniques. Voici l’intégralité de sa chronique.
Ça devient sérieux ! A qui le tour ?
Je vais très mal ! Monsieur le Président de la République !
Je suis Anani Sossou ! Je suis Loic Lawson !
Chers frères, Chers confrères, chers ainés !
Chers grands frères Loic et Anani !*
Depuis ce matin, j’ai mon cœur très lourd. Et je suis profondément triste. Triste parce que vous êtes en prison. Je n’ai rien à reprocher à ceux qui vont interrogés. Je n’ai rien à reprocher aux juges.
Je suis triste parce que vous êtes en prison. Vous êtes journalistes. Et votre place, ce n’est pas la prison.
Je suis triste parce que vous êtes en prison. Et votre place, ce n’est pas la prison.
Certes, l’on vous reproche des choses, mais , vous ne méritez pas la prison.
Je vais très mal, chers confrères et grands frères.
Je vais très mal , parce que vous allez mal
Je vais très mal parce que mon pays va mal.
Je vais très mal parce que, prison et journalistes deviennent très amis dans notre cher pays… et ça craint !
Je vais très mal parce que vos épouses et vos enfants vont mal
Je vais très mal parce que vos familles respectives vont mal
Je vais très mal parce que vos enfants ne vous voient plus depuis des jours
Je vais très mal cher Loic, cher Anani, parce que vous allez dormir avec des gens que vous ne connaissez et dans des conditions que vous n’envierez jamais
Je vais très mal parce que vous n’êtes plus libres de vos mouvements
Je vais très mal parce que vous souffrez dans votre corps
Je vais très mal parce que vous souffrez dans votre âme !
Je vais très mal parce que vous pourrez sans le savoir verser des larmes, des larmes de tristesse
Vous ne méritez pas la prison.
Même si c’est l’actuelle loi qui vous envoie en prison, vous ne méritez nullement la prison !
Je vais très mal !
Monsieur le Président de la République !
Notre pays va mal !
Je n’écris pas ceci pour nous rendre exceptionnels devant vous.
Mais j’écris ceci en toute humilité !
Monsieur le Président de la République !
Fin décembre 2021, vous disiez ceci dans votre discours de vœux : « L’expression de tous les points de vue est légitime mais elle doit s’inscrire dans le respect des limites définies par la loi, faisant prévaloir le civisme et la courtoisie, en dépit des divergences ».
Et plus loin vous ajoutez : « Je resterai le garant intransigeant de l’exercice équilibré des droits, libertés et devoirs citoyens, conformément aux dispositions de la Constitution ». Vous avez raison !
Feu Joel Egah et Ferdinand Ayité croupissaient en prison lorsque vous articuliez ces mots. Ils seront libérés des heures plus tard.
Aujourd’hui, c’est Loic Lawson et Anani Sossou qui sont presque dans des situations pareilles..
Monsieur le Président de la République !
Prononceriez-vous encore ces mèmes mots cette fin d’année ?
Lorsque des mèmes situations se répètent dans la vie, cela devient alarmant.
« L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique ».. On peut reprocher à la presse de commettre des erreurs.. Mais lorsqu’elle tombe dans les mèmes erreurs tout le temps, l’on doit commencer par s’interroger.
Certes, nous journalistes, avons contribué à adopter un texte qui nous pénalise aujourd’hui, mais nous ne devrons tout de même pas laisser se dérouler sous nos yeux les conséquences dangereuses qui en découlent car elles nuisent gravement à l’image de notre pays.
Monsieur le Président de la République !
Vous voudriez bien nous aider à rectifier le tir en autorisant une relecture de ce nouveau Code de la presse..
Sinon à l’avenir, la situation risque de se compliquer davantage !
Monsieur le Président de la République !
Etant donné que vous tenez tant à l’image de notre pays !
Etant donné que vous tenez tant à la presse,
En Toute humilité,
Monsieur le Président de la République Faure Gnassingbé !
En votre qualité de Magistrat suprême de la République
Et en votre qualité de Patron du plaignant,
Vous voudriez bien suivre cette affaire de près pour que Loic Lawson et Anani Sossou puissent être libérés dans les toutes prochaines minutes .. Ils regagneront ainsi leurs familles respectives
Monsieur le Président de la République !
Je vais très mal !
Merci Monsieur le Président de la République !
Firmin Teko-Agbo
Journaliste-Chroniqueur politique